Painting Inspired 3

Roger délivrant Angélique, Jean-Auguste Dominique Ingres, 1819

I wake up in the lighthouse
On top of the cliff.
I step outside,
My naked feet on slippery rocks,
Pieces of my dream
Taken away by a black wind.

I look down
At the solid sea
And angry waves,
Like thousands year old creatures
Swimming to the surface,
Stubbornly charging at the cliff.

There's a sourceless light in the distance
Coming out from behind a large rock
In the middle of the sea.

I stare at the bright halo.
I wonder what I can't see.

Maybe a heroic gesture,
Beasts I can't imagine,
Blonde waves,
A virgin body,
A silent agony.

I step back inside the lighthouse,
Lie down.
Shadows dance on the ceiling,
They tell an epic tale
That survived time and storms.

The face of a serious knight
Watches me fall back into a dream
In which I live in a lighthouse
And hear the wind constantly.

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Je me réveille dans le phare
En haut de la falaise.
Je sors,
Mes pieds nus sur des rochers glissants,
Des morceaux de mon rêve
Emportés par un vent noir.

Je me penche et regarde
La mer solide
Et les vagues furieuses,
Telles des créatures millénaires
Nageant à la surface,
Fonçant obstinément sur la falaise.

Il y a une lumière dans le lointain
Emanant de derrière un large rocher
Au milieu de la mer.

Je regarde longuement ce halo lumineux.
Je me demande ce que je ne vois pas.

Peut-être un geste héroïque,
Des bêtes que je ne peux pas imaginer,
Des vagues blondes,
Un corps vierge,
Une agonie silencieuse.

Je retourne à l'intérieur du phare,
M'allonge.
Des ombres dansent sur le plafond,
Elles racontent un récit épique
Qui a survécu au temps et aux tempêtes.

Le visage grave d'un chevalier
Me regarde sombrer de nouveau dans un rêve
Dans lequel je vis dans un phare
Et entends le vent constamment.

Painting Inspired 2

Forma negra sobre quadrat gris, Antoni Tàpies, 1960

Dust off your human nature,
It's time.
If negativity clouds your truth,
Rest your head on my shoulder,
Let me play with your hair,
Maybe it will go away.

If it doesn't,
We'll make a big fire,
Sleep around it for days
Until your smile is real again
And your hands warmer.

I won't ask questions,
Won't step on your darkness
But I'll put a firefly in your breast pocket,
Just in case one day
You need light.

That day,
You will look around for a while,
Walk on puddles of sadness,
Anger dripping from your clenched fist.
Then in despair
You will put a hand on your heart
And realize
You had light all along.

Dust off your human nature,
It's time.

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Dépoussière ta nature humaine,
Il est temps.

Si la négativité assombrit ta vérité,
Repose ta tête sur mon épaule,
Laisse-moi jouer avec tes cheveux,
Ça partira peut-être.

Si ce n'est pas le cas,
Nous ferons un grand feu,
Dormirons autour pendant des jours
Jusqu'à ce que ton sourire soit vrai de nouveau
Et tes mains plus chaudes.

Je ne poserais pas de questions,
Ne marcherais pas sur tes ténèbres
Mais je glisserais une luciole dans la poche de ta chemise,
Juste au cas où un jour
Tu as besoin de lumière.

Ce jour-là,
Tu regarderas autour de toi un moment,
Marcheras sur des flaques de tristesse,
Ta colère s'écoulant de ton poing serré.
Et puis par désespoir
Tu mettras une main sur ton coeur
Et réaliseras
Que tu avais de la lumière depuis le début.

Dépoussière ta nature humaine,
Il est temps.

The Cats / Haiku 12-16

My door stays open,

The neighbor's cats are welcome.

One sleeps on my bed,

Another one looks

Through my window at his home

Across the courtyard.

They show interest

In my bag, my books, my shoes.

They lie on their backs.

I build simple toys

With tape rolls and some thick string.

They don't want to leave.

The neighbor once asked:

"They like you! Do you feed them?"

I said: "No, we play."

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Ma porte reste ouverte,

Les chats du voisin sont les bienvenus.

L'un d'eux dort sur mon lit,

Un autre regarde

Sa maison à travers ma fenêtre

De l'autre côté de la cour.

Ils s'intéressent

A mon sac, mes livres, mes chaussures.

Ils se couchent sur le dos.

Je fabrique des jouets tout simples

Avec des rouleaux de scotch et de la ficelle.

Ils ne veulent pas partir.

Le voisin m'a demandé un jour:

"Ils vous aiment! Vous les nourrissez?"

J'ai dit: "Non, nous jouons."

Painting Inspired 1

Morning Sun, Edward Hopper, 1952

Parenthetical time
In the slowly buzzing city.

A windless square.

Dreams faded by the light
Warming the sheets.

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Un moment entre parenthèses
Dans la lente effervescence de la ville.

Un carré sans vent.

Des rêves décolorés par la lumière
Réchauffant les draps.

The Father

Opening my eyes
In the incubator
Far from my mother's breast
I saw him first,
Mon Papa,
Reassured to see me alive,
Eager to hold me.

Since then,
That look on his face,
Protective and loving,
Remains.
It is even more apparent
With time passing,
Him aging,
Me growing.

There is mystery
And depth
In the relationship
Between the father
And the daughter,
Between my father
And me.

This umbilical cord
That we can't see,
Can't cut,
Is at times discreet
Or so present and obvious
That it brings tears to my eyes
And enlivens
My fear of losing him.

I can't watch his tears
Of emotion,
Of sadness
Or of joy
Without the Loulotte in the incubator
Being awoken
And wanting to be held
And hold him.

His vulnerability
Is the most moving thing
I know.

I love him
More than he knows
And never feel more secure
Than when he says goodnight
To Céleste and I
And kisses our foreheads.

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Ouvrant mes yeux
Dans la couveuse
Loin du sein de ma mère
Je l'ai vu en premier,
Mon Papa,
Rassuré de me voir vivante,
Impatient de me tenir.

Depuis lors,
Ce regard sur son visage,
Protecteur et aimant,
Demeure.
Il est d'autant plus apparent
Avec le temps qui passe,
Lui vieillissant,
Moi grandissante.

Il y a du mystère
Et de la profondeur
Dans le lien
Entre le père
Et la fille,
Entre mon père
Et moi.

Ce cordon ombilical
Que l'on ne peut pas voir,
Pas couper,
Est par moment discret
Ou si évident et présent
Qu'il embue mes yeux
Et anime
Ma peur de le perdre.

Je ne peux pas regarder ses larmes
D'émotion,
De tristesse
Ou de joie
Sans que la Loulotte dans la couveuse
Ne se réveille
Et veuille être portée
Et l'embrasser.

Sa vulnérabilité
Est la chose la plus émouvante
Que je connaisse.

Je l'aime
Plus qu'il ne le sait
Et ne me sens jamais plus en sécurité
Que lorsqu'il dit bonne nuit
A Céleste et à moi
Et embrasse nos fronts.

The Distance

Five thousand
Six hundred
And fifty two miles

Separate me from him.

My night is his day,

Our skies are different.
I witness his morning
And smile at his bed hair
While the moon slowly rises
In my courtyard.

I hear what he would say
About that tree,
About that painting,
About that shadow,
If he were beside me.

He always is.
The void of his absence
Whose expansion I feared
Got filled,
Flooded
With his undeniable
And omniscient presence.

The vast land
And the deep ocean
Between us
Evaporate
When he reaches my soul
With three words.

I experience my life
Through the filter
Of his existence.
It has colors
I have never seen before.

My mind can't comprehend
How far he is
And how close he feels.
Distance does not alter,
Affect or change
The us we became.

I'm not alone anymore.

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Cinq mille
Six cent
Cinquante deux miles

Me séparent de lui.

Ma nuit est son jour,

Nos ciels sont différents.
J'assiste à son réveil
Et souris à ses cheveux en bataille
Pendant que la lune se lève lentement
Dans ma cour.

J'entends ce qu'il dirait
Sur cet arbre,
Sur ce tableau,
Sur cette ombre,
S'il était à mes côtés.

Il l'est toujours.
Le vide de son absence
Dont je craignais l'expansion
S'est rempli,
Débordé
Par son indéniable
Et omnisciente présence.

La vaste terre
Et l'océan profond
Entre nous
S'évaporent
Quand il touche mon âme
Avec trois mots.

Je regarde ma vie
A travers le filtre
De son existence.
Elle possède des couleurs
Que je n'ai jamais vues avant.

Mon esprit ne peut pas saisir
Comme il est loin
Et comme il semble proche.
La distance n'altère,
N'affecte ni ne change
Le nous que l'on est devenus.

Je ne suis plus seule.

Untied 6

crickets crickets crickets crickets crickets

crickets crickets crickets crickets crickets

crickets crickets      me    crickets crickets

crickets crickets crickets crickets crickets

crickets crickets crickets crickets crickets

Phobia is a living thing,
As invading as it's irrational.

I should stop playing with it.

My words jump too high.

[Show French Version][Hide French Version]

sauterelles sauterelles sauterelles sauterelles sauterelles

sauterelles sauterelles sauterelles sauterelles sauterelles

sauterelles sauterelles      moi        sauterelles  sauterelles

sauterelles sauterelles sauterelles sauterelles sauterelles

sauterelles sauterelles sauterelles sauterelles sauterelles

La phobie est une chose vivante,
Aussi invasive qu'elle est irrationnelle.

Je devrais arrêter de jouer avec.

Mes mots sautent trop haut.

Haiku 11

A bruise on my knee.
If I walk slowly enough,
Will I fall again?

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Un bleu sur mon genou.
Si je marche assez lentement,
Tomberais-je de nouveau?

Haiku 10

Morning solitude,
Just a fleeting coral sky
And my thoughts of you.

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Solitude matinale,
Seulement un ciel corail passager
Et mes pensées de toi.

The Voice

I listen to Chet Baker.
His voice replaces his trumpet
And he's there,
Present,
Breathing silently in my ears
Between "in the evening" and "when the day is through",
His mouth full of broken teeth and honey,
As sweet as he was beaten.

The voice is alive,
Close,
Still warm,
Suspended,
Unaware of death,
Existing only in its own sound space
And 02:46 minutes.

I put my hands on the earphones,
Push them deeper.

I capture the sound of the recording studio
Chet Baker is standing in.
I hear the color of the walls,
The instruments,
The souls,
The smoke,
The time of day,
The spring weather outside,
The lunch break approaching.

I want to go further,
Hear his thoughts,
Hear what he's wearing,
His side-swept hair.

I can't.
I slowly go back to realizing
I am listening
To the voice of a man
Who does not exist anymore.
I shake my head at that thought.

I am listening
To a man
Whose voice exists.

[Show French Version][Hide French Version]

J'écoute Chet Baker.
Sa voix prend la place de sa trompette
Et il est là,
Présent,
Respirant silencieusement dans mes oreilles
Entre "in the evening" et "when the day is through",
Sa bouche est pleine de dents cassées et de miel,
Aussi doux qu'il fut battu.

Sa voix est vivante,
Proche,
Encore chaude,
Suspendue,
Ignorante de la mort,
Existante seulement dans son propre espace sonore
Et 02:46 minutes.

Je mets mes mains sur mes écouteurs,
Les poussent un peu plus loin.

Je capture le son du studio d'enregistrement
Dans lequel se trouve Chet Baker.
J'entends la couleur des murs,
Les instruments,
Les âmes,
La fumée,
Le moment de la journée,
Le temps printanier dehors,
La pause déjeuner approchante.

Je veux aller plus loin,
Entendre ses pensées,
Entendre ce qu'il porte,
Ses cheveux sur le côté.

Je ne peux pas.
Je réalise lentement
Que j'écoute
La voix d'un homme
Qui n'existe plus.
Je secoue la tête à cette pensée.

J'écoute
Un homme
Dont la voix existe.